Cette jeune pousse de Vancouver spécialisée dans les technologies propres conçoit des procédés d’extraction de métaux critiques en circuit fermé dans un but d’élimination des eaux usées et d’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050.

Pour assurer un avenir plus durable et parvenir à la carboneutralité d’ici 2050, il faudra s’attaquer aux deux grands problèmes suivants : la quantité d’eau que nous polluons et l’offre limitée de métaux critiques dont nous avons besoin pour tout, des appareils écoénergétiques aux véhicules électriques. Or, c’est exactement ce que fait l’entreprise en démarrage vancouvéroise pH7 Technologies, qui met à profit une combinaison de recherches scientifiques nouvelles et anciennes afin de créer des procédés d’extraction de métaux critiques en circuit fermé.

Nous avons discuté avec Mohammad Doostmohammadi, fondateur de pH7 Technologies, du rôle déterminant de l’hydrogène dans la carboneutralité, de la façon dont son entreprise s’y prend pour faciliter le passage de la recherche scientifique à la commercialisation, de la difficulté d’obtenir du financement dans le secteur des technologies propres et d’autres sujets.

De l’Iran au milieu vancouvérois des entreprises en démarrage

L’idée derrière pH7 germe dans l’esprit de M. Doostmohammadi depuis longtemps. Elle remonte à l’époque où il vivait en Iran, un pays où l’eau est une ressource rare et précieuse. « Je suis né en Iran et j’y ai grandi, dit-il. Là-bas, on voit carrément des rivières et des lacs s’assécher. Il n’y a pas assez de pluie, alors on se bat constamment pour l’eau dans toute la région. »

« En parallèle, on gaspille beaucoup d’eau. La gestion des eaux usées est un enjeu qui coûte de plus en plus cher. C’est la prémisse à l’origine de pH7, y compris son nom. L’objectif était de concevoir une technologie de traitement des minéraux et d’extraction des métaux qui aiderait les sociétés minières à atteindre un niveau net nul d’eaux usées et de consommation d’eau. »

Pour ceux qui n’ont pas mis le nez dans leurs manuels de chimie du secondaire depuis un certain temps, l’échelle des pH mesure le degré d’acidité des substances. L’eau a un pH neutre de sept.

M. Doostmohammadi a entrepris de créer un procédé en circuit fermé qui réduit au minimum la consommation d’eau des sociétés minières grâce à la réutilisation à l’infini de ses composants chimiques.

L’activité principale de pH7 est centrée sur l’extraction de métaux critiques qui sont essentiels aux technologies de l’électrification et de l’hydrogène – les clés d’un avenir plus durable. La première technologie commercialisée par la jeune pousse touche l’extraction des éléments du groupe du platine (un ensemble de six métaux critiques rares et coûteux) auprès des installations de recyclage en fin de vie et leur réintégration dans l’économie circulaire, plus précisément dans la technologie de l’hydrogène. Ce processus est important, parce que les éléments du groupe du platine commencent à manquer et que nous n’en avons pas assez pour soutenir la technologie de l’hydrogène en pleine expansion qui devrait nous aider à atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

« Selon moi, la clé de la carboneutralité réside dans l’hydrogène, car la capture du carbone ne suffira pas à elle seule si l’on veut stocker les volumes d’énergie nécessaires. »

La technologie que pH7 propose diffère de celle de la capture du carbone, que M. Doostmohammadi qualifie de méthode à l’ancienne de protection de l’hydrogène. « Selon moi, la clé de la carboneutralité réside dans l’hydrogène, car la capture du carbone ne suffira pas à elle seule si l’on veut stocker les volumes d’énergie nécessaires. On a besoin de technologies renouvelables supplémentaires pour atteindre ces objectifs. C’est principalement grâce à l’hydrogène qu’on pourra parvenir à la carboneutralité d’ici 2050. »

L’entrée d’une toute nouvelle science sur le marché

pH7 est aussi un chef de file de la solvométallurgie. Si vous n’en avez jamais entendu parler, il s’agit d’une science émergente qui repose sur l’utilisation de solvants écologiques pour extraire de manière sélective des métaux à partir de minerais, de concentrés et de déchets. Bien que la solvométallurgie soit prometteuse, sa commercialisation n’a pas connu beaucoup de succès à ce jour.

« Le principal défi, c’est que le coût de la solvométallurgie est élevé, parce que les solvants sont chers, explique M. Doostmohammadi. De plus, ils ne sont pas tous écologiques. Il y en a beaucoup de toxiques. »

C’est pourquoi, contrairement à d’autres entreprises, pH7 ne mise pas uniquement sur la solvométallurgie, mais la considère plutôt comme un complément aux autres procédés qu’elle développe. « Nous n’utilisons la solvométallurgie que dans une partie de notre procédé d’extraction de métaux critiques. Nous la combinons avec des méthodes de chimie organique et inorganique ainsi que des méthodes électrochimiques pour concevoir le procédé complet d’extraction en circuit fermé. »

« Les entreprises en démarrage et les sociétés établies jouent un rôle important dans l’évolution des projets, du laboratoire jusqu’à la technologie finale commercialisée. »

pH7 travaille aussi en étroite collaboration avec plusieurs établissements universitaires afin d’accélérer le chemin souvent long entre la recherche en laboratoire et la commercialisation. De nombreuses universités mènent des recherches prometteuses dans le domaine de la chimie, mais le problème est de savoir comment passer à l’étape suivante. Les entreprises en démarrage et les sociétés établies jouent un rôle important dans l’évolution des projets, du laboratoire jusqu’à la technologie finale commercialisée. Elles interviennent d’une manière que les établissements universitaires trouveraient impossible de faire eux-mêmes. »

M. Doostmohammadi affirme que le Canada fait un excellent travail pour favoriser les relations entre les universités et le milieu des affaires. « Il y a, par exemple, le Programme d’aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada et d’autres organismes gouvernementaux qui veillent à établir des liens entre le milieu universitaire et l’industrie, ce qui est fantastique. »

pH7 a fait appel de tels programmes pour embaucher de nouveaux diplômés qui sont devenus des piliers de son équipe. Elle s’est également associée avec l’Université Simon Fraser et l’Université de la Colombie-Britannique pour travailler sur des projets similaires, dont l’objectif ultime est la commercialisation.

La gestion des défis géopolitiques

La plupart des jeunes pousses n’ont pas à trop s’inquiéter des grands changements politiques ou géopolitiques, mais pour pH7, il s’agit d’une préoccupation majeure. « C’est un défi de taille, surtout en ce qui concerne les métaux critiques, déclare M. Doostmohammadi. Nombreux sont les gouvernements qui veulent les garder dans le sol ou refusent qu’ils soient commercialisés ou exportés. Ils mettent donc en place des interdictions à l’échelle de l’industrie.

Il souligne que la Chine interdit l’exportation non seulement des métaux critiques, mais aussi de toute technologie servant à les extraire et les séparer. L’Union européenne est également en train d’instaurer des mesures protectionnistes, et l’Amérique du Nord devrait bientôt emboîter le pas.

« Le commerce des métaux critiques entre différentes régions devient de plus en plus difficile », fait remarquer M. Doostmohammadi. Dans ce contexte, pH7 a décidé de concevoir des installations modulaires qui peuvent être construites n’importe où près de la source d’approvisionnement.

« Nous visons une croissance internationale et la construction de plusieurs usines au lieu d’une seule centralisée à laquelle tout le monde expédie les métaux critiques, ajoute-t-il. De plus, le fait de traiter les matériaux sur place plutôt que de les envoyer à l’étranger réduit considérablement l’empreinte carbone et le coût de la technologie. »

M. Doostmohammadi estime par ailleurs que les usines modulaires permettent à pH7 de faire affaire avec des sociétés minières de toutes tailles, des plus petites aux plus grandes.

L’impact environnemental ne suffit pas

En mars dernier, pH7 a clôturé sa ronde de financement de série A, amassant 16 millions de dollars américains de gros noms du secteur du capital-risque, dont TDK Ventures, Pangea Ventures et BASF Venture Capital, entre autres.

pH7 ne tient pas cette ronde de financement réussie pour acquise. « Si une telle entreprise avait existé il y a 10 ans, précise M. Doostmohammadi, personne n’aurait investi, car le processus de commercialisation est très long. Dans les domaines des technologies propres et profondes, c’est difficile d’obtenir du financement. Ce n’est pas comme si on écrivait du code et qu’on pouvait le modifier aussitôt en cas d’erreur. Il faut passer par la recherche et développement. Ensuite, il faut attendre de deux à trois mois avant de constater les résultats. Et puis, il faut tout recommencer, encore et encore, jusqu’à la perfection. »

« Vous devez avoir un bon modèle d’affaires à présenter aux investisseurs. Vous ne pouvez pas juste vous en remettre aux résultats en matière de durabilité. »

M. Doostmohammadi indique toutefois que la sensibilisation au réchauffement de la planète et aux changements climatiques contribue à inciter les investisseurs écoresponsables à financer les technologies propres.

« Cela demeure ardu, car le rendement du capital investi n’est pas le même qu’avec les modèles traditionnels de capital-risque, mentionne-t-il. Vous devez avoir un bon modèle d’affaires à présenter aux investisseurs. Vous ne pouvez pas juste vous en remettre aux résultats en matière de durabilité. Avec ce genre de technologies, vous n’avez pas le choix de démontrer l’impact environnemental et les retombées économiques du projet pour obtenir du financement – et c’est exactement ce que nous avons fait. »

M. Doostmohammadi recommande aux jeunes entreprises de voir les investisseurs comme plus que de simples sources de capitaux. « Il est très important d’avoir un bon investisseur. Vous avez besoin de quelqu’un qui est en phase avec ce que vous voulez accomplir et qui peut vous aider à vous définir. Il ne s’agit pas seulement de collecter des fonds, mais aussi d’accueillir à bord un partenaire qui travaillera avec vous à l’aboutissement du projet. Un bon investisseur croit en vous, en votre équipe et en votre vision. »

Pour en savoir plus à propos de pH7 Technologies, consultez son site Web : ph7technologies.ca.

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