Tony Barkett, chef, Services bancaires RBCx, parle des déboires actuels du secteur technologique

Entendez-vous les bulles technologiques éclater un peu partout ? Après des années de croissance phénoménale, d’investissement forcené par les sociétés de capital-risque, d’explosion de la valeur des jeunes pousses et d’innombrables introductions en bourse, l’écosystème est en difficulté.

Comme l’explique l’Association canadienne du capital de risque et d’investissement (ACCR), la conjoncture économique actuelle pénalise les jeunes entreprises canadiennes :

  • Au premier trimestre de 2023, les investissements en capital de risque ont totalisé 1,1 milliard de dollars, en baisse de 56 % par rapport aux 2,5 milliards du trimestre précédent.
  • Aucune entreprise n’est entrée en bourse depuis 2021.
  • Cinq fusions ou acquisitions seulement ont été conclues jusqu’ici en 2023, d’une valeur totale ne représentant que 30 % de la moyenne de l’an dernier.

Face à l’incertitude et à l’agitation du marché, quelles doivent être les priorités à court terme des entrepreneurs ? Tony Barkett, chef, Services bancaires RBCx, en a fait le thème de son allocution (« Staying Afloat in 2023: What Founders Should Focus On »), prononcée à Halifax lors de l’Atlantic Venture Forum. Les nombreux participants ont entendu Tony évoquer les replis antérieurs, ce qu’ils nous ont appris, les tendances qui se dessinent en matière de financement et ce que cela implique pour une entreprise en démarrage. Le résumé qui suit énonce quatre mesures concrètes que peut prendre un entrepreneur pour ne pas perdre pied.

L’état du marché

« Inquiétante. » Ainsi Tony qualifie-t-il la situation actuelle des jeunes pousses. « On finance moins d’entreprises que naguère, on leur accorde des montants moins élevés et les délais avant signature s’allongent. Un problème plus grave se profile : le nombre d’entreprises technologiques qui se constituent en sociétés diminue chaque année depuis 2015 ; quand les investissements en capital de risque vont reprendre, il y aura moins de porteurs d’innovation à financer au Canada. »

« Le nombre d’entreprises technologiques qui se constituent en sociétés diminue depuis 2015 ; quand les investissements en capital de risque vont reprendre, il y aura moins de porteurs d’innovation à financer au Canada. »

Tony détaille comme suit :

  1. Un problème de juste valeur. Ce que les bailleurs de fonds veulent bien accorder aux jeunes pousses (au départ et par la suite) n’est pas à la hauteur de ce que ces dernières estiment valoir. « Les entrepreneurs se fondent probablement sur les évaluations de 2021 et de 2022, alors que les investisseurs, au vu de la situation actuelle, ont changé leur fusil d’épaule. »
  2. Nouveau mode de financement complémentaire : les billets convertibles. Ce type de financement à court terme (la dette prenant la forme d’actions plutôt que de liquidités) est plus populaire que jamais. Tony souligne toutefois que cela ne favorise pas le financement par capital-risque. « Le financement par capital-risque soutient la croissance quand on dispose de nouveaux capitaux à une valeur supérieure à celle du tour précédent, mais si les entreprises fonctionnent par billets convertibles, cela se prête très mal à un financement, car c’est remettre l’évaluation à plus tard. »
  3. Capital-risque complémentaire : hésitation et frilosité. L’inflation galopante continue de semer l’incertitude dans l’écosystème des jeunes pousses. Les sociétés de capital-risque renâclant à placer leurs billes, certains investisseurs providentiels se tournent plutôt vers les certificats de placement garanti (CPG), dont le rendement à court terme est plus assuré. Les investisseurs de la première heure hésitent également à mettre une deuxième fois la main au portefeuille. « N’étant pas certains que d’autres investisseurs se manifesteront aux étapes suivantes, ce qui favoriserait la croissance de leurs protégées, ils s’engagent moins volontiers – les tours de financement se font plus rares. »
  4. Concentration des investissements. Une partie importante du capital-investissement est réunie par une poignée de jeunes pousses. L’écart se creuse entre les entreprises qui obtiennent des fonds et les autres. « Le total mobilisé au premier trimestre a atteint 1,1 milliard de dollars, dont 40 % provenant des 10 premières entreprises canadiennes. C’est un peu tout ou rien. »
  5. Engouement pour l’intelligence artificielle. L’IA fait tourner la tête des bailleurs de fonds. « Elle suscite de très gros investissements, mais ce qui traduit surtout l’effervescence, c’est le nombre de tours de financement qu’on observe, et ce, de plus en plus tôt. L’IA va peut-être finir par fixer les règles. »

Mesures concrètes à prendre dès aujourd’hui

1. Communiquer

Qu’il s’agisse de discuter avec vos investisseurs de leurs attentes et du niveau de priorité que vous occupez dans leur portefeuille, ou d’étudier avec votre équipe juridique les options qui s’offrent si l’arrêt des activités est en vue, il est vital d’avoir de bonnes communications avec vos partenaires clés. Ne négligez pas pour autant le bon vieux réseautage avec les spécialistes de votre secteur. « Le milieu canadien est très actif, souligne Tony, et on voit partout d’excellentes pratiques à l’œuvre. Parlez à autant de vos pairs que vous le pouvez. Ensemble, vous pouvez sortir du marasme. »

2. Cibler judicieusement

Aujourd’hui plus que jamais, les entreprises doivent cibler la bonne clientèle pour stimuler les affaires, mais aussi trouver les investisseurs qui les aideront à croître, les orienteront et leur feront accéder au marché. « C’est de financement qu’il s’agit, certes, mais c’est un investisseur et un partenaire qu’il faut trouver, pas juste de l’argent. »

3. Se donner les coudées franches

Ventes, Marketing, RH, frais généraux : survivre implique de réduire tous les postes de dépenses, mais Tony recommande de s’y prendre de manière stratégique. « Privilégiez les projets qui vous feront tenir jusqu’au prochain tour de financement ou jusqu’à la rentabilité, et réduisez la voilure en conséquence. Essayez de ne pas tailler trop profondément, car il est alors plus difficile de reprendre sa course quand le vent change. »

4. Penser gains d’efficacité

Pour beaucoup de nouveaux entrepreneurs, tout ce qui compte, c’est de survivre. Tony insiste sur un autre point essentiel : en attendant que la conjoncture s’améliore, il faut adopter un modèle d’affaires plus performant. « Vous avez deux priorités : trouver des fonds et augmenter votre chiffre d’affaires. Les contrats vont être examinés un peu plus attentivement – les IRC les plus importants doivent être votre boussole. »

« Les créateurs d’entreprises technologiques ont deux priorités : trouver des fonds et augmenter le chiffre d’affaires. Les contrats sont examinés plus attentivement – les IRC les plus importants doivent être votre boussole. »

Si décourageante que puisse paraître la conjoncture actuelle, dites-vous bien qu’elle n’est que temporaire. « J’ai vécu la crise de 2000, dit Tony, puis celle de 2008. Elles ont toutes une fin. À un certain moment, celle-ci sera derrière nous. Vous devez donc, au minimum, atteindre la fin de l’année dans les meilleures conditions pour pouvoir reprendre votre élan quand tout va redémarrer. »

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